lundi 8 juin 2009

Boris Vian est un écrivain et poète français diplômé de l'école Centrale dont le texte qui suit est à l'origine une chanson que je me suis permis d'inclure dans cette anthologie car poesie et musique sont très proches et l'engagement anti-militariste que Vian exprime à la fin de la guerre d'Indochine et à la veille de la guerre d'Algerie y est très net. La version présentée ici est une version remaniée de la chanson car la première version avait été censurée à cause du dernier couplet, originellement:

Si vous me poursuivez
Prévenez vos gendarmes
Que je possède une arme
Et que je vais tirer

Le déserteur

Monsieur le président

Je vous fais une lettre

Que vous lirez peut-être

Si vous avez le temps


Je viens de recevoir

Mes papiers militaires

Pour partir à la guerre

Avant mercredi soir


Monsieur le président

Je ne veux pas la faire

Je ne suis pas sur terre

Pour tuer des pauvres gens


C'est pas pour vous fâcher

Il faut que je vous dise

Ma décision est prise

Je m'en vais déserter


Depuis que je suis né

J'ai vu mourir mon père

J'ai vu partir mes frères

Et pleurer mes enfants


Ma mère a tant souffert

Elle est dedans sa tombe

Et se moque des bombes

Et se moque des vers


Quand j'étais prisonnier

On m'a volé ma femme

On m'a volé mon âme

Et tout mon cher passé


Demain de bon matin

Je fermerai ma porte

Au nez des années mortes

J'irai sur les chemins


Je mendierai ma vie

Sur les routes de France

De Bretagne en Provence

Et je dirai aux gens:


« Refusez d'obéir

Refusez de la faire

N'allez pas à la guerre

Refusez de partir »


S'il faut donner son sang

Allez donner le vôtre

Vous êtes bon apôtre

Monsieur le président


Si vous me poursuivez

Prévenez vos gendarmes

Que je n'aurai pas d'armes

Et qu'ils pourront tirer


Boris Vian

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